dimanche 30 mars 2008



Bonjour à tous!


Voici donc, comme promis, le résumé de nos aventures en Dominique:

"Située au centre de l'archipel des Caraïbes, entre la Martinique et la Guadeloupe, se dresse une petite émeraude de 47km de long sur 25km de large :
LA DOMINIQUE.

Surtout ne commettez pas l'erreur de la confondre avec la République Dominicaine située bien plus haut dans l'arc antillais. Nous parlons ici de la Dominique, "l'Île Nature de la Caraïbe".



Et comme vous le verrez, jamais surnom n'aura été mieux porté.

Petite île de moins de 750 km2, la Dominique, surnommée "Waitucubuli" par ses premiers habitants, présente une topographie unique dans cette partie du monde (point culminant: 4774 pieds tout de même) et offre généreusement à ses visiteurs toute la diversité de sa faune et de sa flore.

La Dominique, c'est l'île aux 30 chutes d'eau et aux 365 rivières...

La Dominique, c'est l'île aux 6 sortes de forêts tropicales. Sa célèbre "Rain Forest" est unique dans la région et parmi l'une des plus préservées au monde. Le parc National du Morne Trois Pitons a été classé au Patrimoine Mondial Naturel par l'UNESCO.

La Dominique, c'est la capitale de la plongée sous-marines des petites Antilles avec ses précipices, ses grottes et ses "murs" de bulles...

La Dominique, c'est également l'île où vivent les derniers descendants des premiers habitants de la région toute entière : Les Indiens Caraïbes...

Et la Dominique c'est aussi l'île où on vit le plus vieux au monde. On y trouve plus d'une vingtaine de centenaires.

Destination neuve et nouvelle où l'écotourisme n'est pas un vain mot, la Dominique c'est l'Aventure au Coeur de la Nature.




Départ au port de Pointe à Pitre avec l'Express des îles. Le voyage sera mouvementé. En fait, j'ai eu le mal de mer et j'ai été malade pendant tout le voyage. Déjà, j'étais contrariée parce qu'on a failli ne pas partir. Je me suis trompée de jour et j'ai bien cru qu'on serait obligés d'annuler nos vacances. Rien que d'y penser, j'en suis malade. Et oui, "24mar" , c'est 24 mars et pas mardi 24!... Et Dieu sait que j'avais vérifié plusieurs fois le billet!!! LES BOULES!

En plus, le mal de mer... Moi qui ne savais pas ce que c'était... Atroce. Vomissements certes, mais aussi nausées, sueurs froides, et jambes qui se dérobent... J'ai cru tomber dans les pommes. Bref, malade comme un chien pendant une heure et demi! SUPER COOL!

La mer était très agitée et tout le monde ou presque sur le bateau était malade. Tout le monde, sauf Alain le savoyard qui a décidément le pied marin!




Arrivée deux heures plus tard un peu vaseuse à Roseau, capitale de la Dominique. Un bateau de croisière américain envahit la baie...



...près d'un superbe 5 mâts.



Puis, on déjeune au snack de l'hôtel en compagnie de lézards qui prennent la pause.




Première ballade dans les rues de Roseau.



Ici, tout se vend: voici un marchand de corail.
En Guadeloupe, c'est interdit, peut-être pas ici.





On parcourt les rues, on respire l'ambiance.
Ici, on parle anglais et créole.
C'est une ambiance un peu particulière.
On sent déjà une certaine pauvreté.

Quelques photos au fil des rues de Roseau.









On se croirait presqu'en Amérique Latine.
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Notre première ballade s'achève et nous nous installons à la terrasse d'un café pour un coca bien mérité!




Puis on rentre à l'hôtel pour une petite baignade à la piscine.






La journée s'achève.
Les bateaux quittent le port et nous profitons du spectacle du soleil couchant sur la mer des caraïbes.
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Le lendemain, nous décidons de faire le tour de l'île. Un chauffeur de taxi nous propose de faire une ballade le temps d'une journée pour 80 euros. (Inutile de me demander combien ça fait en dollar caribéen, la monnaie locale... De toutes façons, avec Alain, chacun son rôle, moi je traduis en anglais, lui il calcule!). Nous acceptons et prenons le départ dès 9h le lendemain matin.





Première étape, nous grimpons sur une colline au dessus de Roseau.
Voici notre hôtel ci-dessus



Roseau est la capitale de la Dominique. En Dominique, il y a 70000 habitants. A droite, on peut voir le magnifique stade. Les Dominicais sont fous de foot, mais surtout de... cricket!



On traverse le parc municipal qui est magnifique et


qui domine toute la ville. Tout est d'une propreté exemplaire. A ce sujet, la Guadeloupe aurait beaucoup à apprendre en matière de propreté de ses voisins de la Caraïbe!...

Ci dessus, un baobab qui, un soir de cyclone est tombé sur un bus (vide heureusement). Ces bus avaient été donnés par les hollandais (je crois) aux dominicais.

Deuxième étape de la ballade, "Rainforest".

Comme son nom l'indique c'est une forêt pas vraiment...sèche! Il pleut sans arrêt. Dès les premiers pas, des crabes jaunes courent partout et très vite à notre passage.



Nous arrivons au pied d'une superbe cascade.






Au pied de la cascade, on trouve partout des petites piscines d'eau chaude et pleine de soufre.
J'ai trempé les pieds pour voir: l'eau est vraiment très chaude!



Troisième étape de notre périple,
nous entrons dans le parc national de la Dominique:
le Morne Trois Pitons.
C'est une magnifique forêt protégée et classée au patrimoine mondial par l'Unesco.



Ici, il pleut tout le temps et l'eau est partout.
Elle ruisselle, coule,tombe, jaillit en cascades...




La ballade continue,... sous la pluie.







Mais, le spectacle est impressionnant car la nature est somptueuse.



Suite et fin de la ballade dans le "Word Héritage Site".




La forêt est gigantesque, intacte et très belle. C'est un spectacle grandiose. Si vous cliquez sur la photo ci-dessus, vous pourrez apercevoir, au loin, l'océan Atlantique.



L'eau...omniprésente. D'ailleurs, il continue de pleuvoir.



Et mon doudou, roi de la forêt vierge!

samedi 29 mars 2008

Nous poursuivons notre route et arrivons dans la Réserve des Indiens Caraïbes. Pour bien comprendre la population de l'île, voici les explications que j'ai trouvées sur le net:

"Communautés
Les origines de la population viennent de deux ethnies : Les premiers à avoir colonisé l’île étaient les Arawaks qui ont été exterminés par les Indiens caraïbes.".../...

Notre chauffeur nous a dit que c'était parce que les Arawaks étaient cannibales que les Caraîbes
les ont exterminés.

.../..." Ils descendaient des côtes du Venezuela, jusqu’à Hispaniola et ce sont donc les derniers descendants des grands peuples précolombiens ! La Dominique, fait unique, est le seul endroit au monde qui compte une population de 3 000 Indiens caraïbes. Ils ont survécu grâce à la nature même de l’île, qui les protégeait de l’agression de l’ennemi. De nos jours, ils vivent sur un territoire de 1 800 hectares en bordure des côtes Nord-Est de l’île. Ils en sont propriétaires car ces terres leur ont été concédées en 1903 par la reine Victoria et nul autre qu’eux n’ont le droit de s’y installer.
La grande majorité de l’île est d’origine afro-caribéenne. On compte 72 000 Dominicais et il y aurait entre 20 000 et 50 000 îliens qui vivraient hors de leur pays. Contrairement aux îles françaises, le métissage n’existe pas et la population blanche est en général constituée d’expatriés canadiens, anglais, américains ou français.
Religions
Du fait de la colonisation, l’île est en majorité catholique et anglicane. Mais vous y retrouverez toutes les religions communes aux îles françaises : les évangélistes, témoins de Jehovah, adventistes, Notre-Dame-de-Fatima, et unique dans les îles anglaises le gospel-hall. Les religions occupent une place très particulière dans la vie des Dominicais et vous rencontrerez beaucoup de gens qui saluent Dieu, tout au long de la journée. Le peuple est très pratiquant, et les messes sont très fréquentées. "



Nous traversons donc la réserve. Quelques kilomètres plus loin, notre chauffeur nous arrête dans cette cassaverie. Les cassaves sont des galettes de Manioc et de noix de coco moulus en farine (on voit le moulin en arrière plan) et cuites au feu de bois. (C'est d'ailleurs, l'origine du nom du groupe de Zouk "Kassav")






La traversée de la réserve est toute en émotion. Nous voyons des gens vivre dans un état de dénuement total. Le chauffeur nous explique l'origine de la Réserve et les caractéristiques sociales de la population qui y vit.

J'ai trouvé sur le net, un rapport d'une étudiante en sociologie de Guadeloupe qui y a fait un stage et qui a vécu dans la réserve Caraïbe (ce qui est rare). Ce rapport date de 1998 mais ses mots reflètent encore , hélas, bien la réalité:

"LA RESERVE DANS UN CONTEXTE PARTICULIER
Quand un Dominicais me parle des Indiens Caraïbes, il n'omet pas de me parler du racisme qui existe entre ces indigènes, au nombre de 3500 et la population noire. Ils étaient traités d'"inférieurs", de " bons à rien ", de " stupides ". Ceci leur donnait une mauvaise image d'eux-mêmes, ils couraient se cacher dès qu'ils apercevaient quelqu'un, autre qu'un des leurs. Même si aujourd'hui les moeurs ont beaucoup évolué, il n'en reste pas moins que, moins marquée, la ségrégation existe toujours ; les Indiens Caraïbes, pour leur part, se considèrent Caraïbes, avant d'être des Dominicais. Aussi, en dépit d'un métissage qui tend à s'opérer, il est encore très difficile pour un Noir d'être accepté dans la réserve, d'autant plus que pour avoir le droit d'y résider, il faut entre autre, y être né, y avoir vécu douze ans ou être né d'un parent Indien Caraïbe.
.
La terre est sacrée
A la question : " quelle est la particularité du territoire ? ", une femme Caraïbe m'a répondu que "la terre est au centre de tout" : elle est et reste leur propriété collective en passant de génération en génération, elle ne s'achète, ni ne se vend.
Ainsi, la possession de la terre est une question majeure : les Indiens Caraïbes estiment que la parcelle qu'on leur a attribuée depuis l'indépendance en 1978, n'est pas suffisante et tendrait même à diminuer. .../... D'autre part, le territoire reste confiné dans les activités traditionnelles peu rémunératrices, où l'agriculture tient une large part. Cependant, la réserve manque cruellement d'eau : l'eau courante est inexistante, les femmes et les jeunes filles doivent donc aller en chercher dans l'une des très rares fontaines situées au bord des routes ou la récupèrent à la rivière. Le travail est une non-valeur J'ai pu constater un niveau de vie très pauvre. Même si la plupart des hommes travaillent dans les champs ou sont pêcheurs, l'inactivité est courante dans la réserve. En fait, les Indiens Caraïbes ont toujours tenu à garder leur " indépendance " vis-à-vis du travail. D'une certaine manière, ils sont oisifs : ils ont refusé de travailler dans les plantations, et ont préféré se suicider ( Il n'en est pas de même pour la communauté indienne de l'Inde, à qui on fit appel au 19ème siècle ). Leur revenu moyen est de 600 dollars EC par mois, (soit environ 1.200 francs, à l'époque du rapport, 1998) Par ailleurs, pour confirmer leur position vis-à-vis du travail, je souligne que comme les Indiens du Vénézuéla, les Indiens Caraïbes avaient l'habitude d'organiser des cérémonies pendant lesquelles ils inhalaient de la drogue, leur donnant ainsi une vision du monde des esprits. Aujourd'hui, la drogue (marijuana) est consommée à outrance, et devient un véritable fléau social. Il en est de même pour l'alcool. .../..."


Alain s'apprête à faire une expérience culinaire (Et oui! Tout arrive!) . Il aura finalement trouvé ça plutôt bon. Moi Aussi.



A coté de la casaverie, un chantier en construction, plutôt... artisanal!



Alain se frotte les yeux, il faut dire que le "four" du monsieur fume énormément!



Les maisons sont très rudimentaires. Celle-ci est toutefois "améliorée": les habitations de la réserve sont souvent en tôle avec des sols en terre bâtue, et ne comportent qu'une ou deux pièces. Il n'y a que très rarement l'eau courante. Nous n'avons pas osé prendre d'autres photos de la réserve que celles de cet arrêt à la casaverie. Mais le spectacle était très triste.

Suite de l'extrait du rapport:

".../...Une nativité mal maîtrisée
La plupart des femmes s'occupent des enfants et du ménage : elles ont en moyenne cinq enfants à charge, sont sans travail, et parfois sans mari. La croissance démographique dans la réserve ne cesse de croître, donnant lieu à une population très jeune. Ainsi, le village de Sineku, qui est d'ailleurs le plus pauvre, enregistre le plus fort taux de grossesses juvéniles. Le gouvernement encourage le planning familial, et donne gratuitement des contraceptifs. Une jeune femme Caraïbe dont j'ai fait la connaissance, m'a confié qu'elle avait trois enfants, et en attendait un autre - elle vivait avec un homme, mais n'était pas mariée et était sans emploi. Quand je lui ai demandé si elle n'avait jamais pensé à la contraception, elle m'a répondu ne pas s'en préoccuper.
En conclusion, on est très loin des valeurs occidentales, avec une vision très différente de la terre, du travail et de la famille. .../..."

Même si ce rapport date d'une dizaine d'années, cela reste, hélas, vrai aujourd'hui. C'est ce que nous a raconté notre chauffeur. Il connaît de nombreuses indiennes caraïbes qui ont à peine 20 ans et sont déjà mères de 3 ou 4 enfants...
Sur le coup, j'ai pensé qu'il était un peu raciste. Mais, après des recherches sur le net cela semble être une vérité sociale.

On s'est arrêtés devant une case misérable où les enfants pieds nus et à demi nus jouaient dans la boue (il pleut très souvent dans cette partie de l'île), la morve sous le nez. Tout à coup, un jeune homme (le père peut-être) visiblement ivre a surgi d'on ne sait où. Notre guide nous a dit qu'ils allaient à l'école mais visiblement pas le mercredi.


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Nous sommes donc en pleine réserve caraïbe. La végétation y est luxuriante. Il y pleut, comme plus au sud, en permanence.

Encore un extrait du rapport trouvé sur internet:

".../...L'agriculture demeure la principale activité économique des Indiens Caraïbes, qui consomment essentiellement ce qu'ils cultivent, soit des bananes, des ignames, des madères et autres. Une autre grande activité est la culture de coco, permettant de faire de l'huile et du savon pour l'île. Ils plantent des tomates, du thym, des concombres, dans leur jardin ainsi que quelques arbres fruitiers. Ils font également un peu d'élevage de poulets, cochons...
Aujourd'hui, leur régime alimentaire a quelque peu changé : quand bien même la cassave produite à partir du manioc, resterait un de leurs mets favoris, et le piment, leur principal condiment, ils consomment moins de poisson, vendu à 6$ EC (soit 12 francs) la livre, et davantage de poulet importé, acheté à 4,50$ EC (soit 9 francs) la livre, qu'ils peuvent trouver dans les petites boutiques possédant les seuls congélateurs de la réserve. Dans les bars, les hommes se retrouvent pour boire du rhum en grande quantité, à 1$ EC (2 francs) le verre. Ils ont donc maintenant un besoin d'argent pour acquérir les biens qui ne sont pas produits dans la réserve. Le troc ne suffit plus.




En effet, j'ai pu constater que, pour les produits de la réserve, les Indiens Caraïbes utilisent le troc. Il s'agit essentiellement des produits alimentaires que j'ai nommés précédemment.

Cependant, cette pratique tend à diminuer, car leur besoin en produits " nouveaux " augmente, ce qui les sensibilise de plus en plus à la monnaie. Ils cherchent donc des activités pour s'en procurer, malgré une approche très particulière du travail.
Leur culture, aujourd'hui une source de revenu. Les Indiens Caraïbes réalisent maintenant que l'industrie touristique peut leur apporter un revenu et des emplois. L'artisanat tend à être la principale activité des femmes, qui fabriquent des paniers de différentes formes, à partir des feuilles de laouman, et divers autres objets, pour différents usages. Ceux-ci sont vendus dans la réserve à des prix différents, fonction du temps de travail nécessaire à la réalisation et du coût du matériel utilisé. Ces produits sont également présents dans la ville de Roseau, mais à un prix nettement supérieur un panier vendu à 35$ EC (soit 70 francs) dans la réserve, est revendu à 65$ EC (130 francs) soit une augmentation de 85%. Ils ne maîtrisent donc absolument pas la commercialisation de leur artisanat. Il s'est également formé des groupes artistiques dans la réserve. Karifuna, créé en 1978, est l'un des plus importants, ils essayent ainsi d'obtenir des ressources par la présentation de leur culture."



Nous quittons la réserve. Nous en garderons un souvenir particulier: mélange de pitié, de stupeur et de colère face à tant de misère. Nous nous sommes sentis très mal à l'aise.

Ce que l'on en a vu est terrible. Et cela restera l'image marquante de ce voyage malgré la beauté époustouflante des paysages.

C'est d'ailleurs ici qu'à été tournée toute une partie du film "Pirate des Caraïbes":


The Indian River



Paguay Bay: cet endroit marque la fin de la Réserve Caraïbe.